
L’espace public dans les sociétés modernes correspond à l’espace qui n’appartient soit à personne, soit à la puissance publique, soit, plus exceptionnellement, à un ou des propriétaires privés. Il s’agit de lieux de passage et de rassemblement à l’usage de tous.
La qualité des espaces publics pose plusieurs questions :
- question esthétique : le mobilier urbain, parfois surchargé, créé des lieux standardisés et « aseptisés »,
- question de la sécurité : l’espace public est très contrôlé (vidéo-surveillance) et aménagé de manière à éviter les rassemblements,
- question des usages : l’espace public ne répond plus aux demandes d’usages des habitants.
Plusieurs voix se font entendre pour repenser l’espace public, afin de lui redonner son usage principal, le lieu de rencontre des habitants d’une rue, d’un quartier, d’une ville. Ces initiatives peuvent être portées par différents types d’acteurs : publics ou para-publics (communes, CAUE, …) ou de la société civile (associations, groupes d’habitants…). Pour cela, ces différents acteurs utilisent la nature comme d’un moyen de réappropriation de l’espace public.
La nature, et surtout l’écologie, définie comme la relation entre l’homme et son environnement, ont ceci de particulier qu’elles portent un certain nombre de valeurs comme la solidarité, le bien-être, la sobriété, complétés par des principes renvoyant davantage à des modes d’actions : faire ensemble, créer du lien , agir. Jardiner, c’est échanger, apprendre mais c’est surtout faire et si possible, faire ensemble.
La nature en ville, c’est également un moyen de réfléchir sur la question du temps. Dans des villes qui vivent de moins en moins au rythme de leur environnement (heures, saisons), la présence de la nature offre un autre rapport au temps, plus doux, plus lent, plus rassurant.
Les trois initiatives qui suivent intègre ces réflexions sur la nature, la ville, l’espace public dans des contextes et des structures différentes.
Le fleurissement des trottoirs – CAUE du Loiret
Le CAUE du Loiret propose de valoriser l’espace public en encourageant le fleurissement des trottoirs et pieds de murs par les habitants pour :
- l’appropriation par les habitants des espaces à proximité de leurs habitations,
- l’amélioration de la qualité des espaces publics et de leur cadre de vie,
- la création de lien social entre les habitants,
- une meilleure isolation des bâtiments (plantes grimpantes).
- développer la biodiversité en milieu urbain,
- remettre de la nature au coeur des villes,
- pour réinvestir les habitants dans leur quartier,
- réapprendre à observer la nature ordinaire,
- et parce que c’est joli…
La Guerilla Guardening est un réseau dont le principe général est de « jardiner la terre de quelqu’un d’autre sans son autorisation » (Richard Reynolds). Le terme de « guerilla » et dans son prolongement de « guérilleros », est à prendre au second degré puisqu’il s’agit de mener des actions collectives et engagées avec humour ! Le côté ludique et amusant est constamment mis en avant, cultivant ainsi le paradoxe entre l’appellation « guérilla » et ses modes d’actions. La démarche permet également de favoriser des valeurs de partage, de solidarité, de renouveau, qui permettent de favoriser l’échange et la construction de lien social. Enfin, ces initiatives participent au renouvellement et l’évolution esthétique de la ville.
Les motivations de la démarche sont multiples :
- réapproprier par les habitants l’espace urbain longtemps laissé aux techniciens et ingénieurs,
- rendre sa place à la nature en ville et pas uniquement dans des lieux sanctuarisés (parcs urbains),
- résister face à une ville de plus en plus standardisée (mobilier urbain, signalétique…),
- développer l’agriculture urbaine en dehors des jardins partagés,
- échanger des pratiques de jardinage,
- redonner des couleurs à la ville,
- changer la perception de lieux banalisés ou détériorés…
Exemples d’actions :
- petites plantations sauvages dans les trous d’un mur ou dans les fissures d’un trottoir,
- grandes installations sur un terrain vague ou une friche,
- créations et mises en place d’objets artistiques…
http://www.guerrillagardening.org./
http://www.guerilla-gardening-france.fr/
Park(ing) day
Cet évènement se déroule le 3ème week-end de septembre à travers le monde. Des citoyens, des artistes et activistes transforment des places de parking payantes en espaces végétalisés et conviviaux le temps du week-end.
Là encore, il s’agit d’une réflexion globale sur l’espace urbain, sur la place qui y est faite à la nature et sur la qualité de vie en centre-ville.
Exemples d’aménagements réalisés sur une place de stationnement :
- terrasse mobile,
- installation lumineuse nocturne,
- concours de street badminton,
- recyclage de cagettes en cabane,
- potager imaginaire,
- dégustation végétarienne,
- espace de relaxation,
- espace lecture et jeux,
- terrain de mini-golf…
Comment faire ?
- Choisir une place de parking payante visible des passants et sécurisée,
- Aménager un espace confortable (sol, mobilier, ombrage, clôture…),
- Signaler l’évènement avec des affiches et le ticket de parcmètre bien visible,
- Expliquer la démarche aux passants et aux autorités locales (il ne s’agit pas d’une manifestation),
- Remettre en état l’espace public après l’évènement et recycler les matériaux utilisés.
Un mode d’emploi détaillé et le référencement des tous les évènements sont sur :