L’arbre des villes et des routes

Posted by on 28/02/2012 in Techniques

L’arbre des villes et des routes

Dans les projets d’aménagement d’opérations immobilières, d’équipements publics et d’espaces publics, l’arbre est souvent vu comme une ornementation au même titre qu’un mât d’éclairage ou qu’une borne anti-stationnement. Il y a pourtant au moins une différence, l’arbre grandit !

Si l’arbre est considéré comme du mobilier urbain, il est alors vu comme une nuisance.

Ce qui lui est reproché :

  • obstruer les caniveaux avec leurs feuilles mortes,
  • faire de l’ombre aux étages inférieurs des immeubles,
  • nuire aux lignes électriques et aux caténaires,
  • emplir l’air de pollen allergène,
  • héberger une faune nuisible,
  • soulever les trottoirs,
  • percer les murs avec leurs racines,
  • endommager les toitures avec leurs branches mortes,
  • et tomber sur les piétons et les voitures à la moindre rafale.

Et les erreurs sont rapides pour ne pas réunir les bonnes conditions de leur survie :

  • planter trop près des façades,
  • effectuer des tailles brutales,
  • fournir des sols pauvres encombrés de gravats, de canalisations, de câbles…
  • imperméabiliser les surfaces pour les priver d’eau,
  • asperger de sel en hiver,
  • émettre des gaz d’échappement toxiques.

Pourtant, tous les habitants le diront, une ville agréable à vivre est une ville plantée d’arbres parce qu’ils apportent :

  • beauté et couleur verte apaisante,
  • ombre et ambiance rafraîchissante pour les piétons et pour les automobilistes,
  • ambiance conviviale favorable à socialisation et à la sécurité,
  • air purifié puisqu’ils absorbent le CO2, plomb, cadmium, manganèse, suies, oxydes d’azote, oxydes de soufre, onoxydes de carbone, ozones…
  • lutte contre l’érosion éolienne et gravitaire,
  • assainissement des sols humides,
  • biodiversité…

Concrètement, si l’arbre est de nouveau considéré comme un être vivant qui a sa place en ville, voici un mode d’emploi pour assurer son bien être :

  • planter des arbres jeunes qui rattraperont vite la taille des « gros sujets »,
  • creuser une fosse de plantation de 6m3 dans la terre fertile et de 12m3 dans une mauvaise terre,
  • installer un système d’arrosage,
  • recouvrir de Bois Raméal Fragmenté (paillage à base de déchets verts),
  • Ne pas tuteurer les arbres qui doivent pouvoir s’adapter aux vents et renforcer leur système racinaire,
  • Effectuer une taille de formation à 2,50 m de haut si l’arbre est situé sur un trottoir afin de permettre la circulation des piétons,
  • Effectuer une taille de formation à 6/7 mètres de haut si l’arbre est situé au bord d’une voie où passent des poids-lourds,
  • Ne jamais effectuer de taille sévère qui vont entrainer la dangerosité puis la mort de l’arbre,
  • Couper les branches mortes s’il y a risque pour la population sinon elles ne gênent pas l’arbre,
  • Protéger l’arbre ainsi que son système racinaire lors des travaux alentours…

Et le long de routes ?

Les premiers alignements d’arbres sont apparus au XVIème siècle, à la Renaissance, pour ouvrir des perspectives depuis de grandes demeures. Partie dItalie, l’habitude de planter des lignes d’arbres au bord des routes gagne toute l’Europe. Il s’agissait de :

  • satisfaire aux besoins de bois,
  • fixer les limites du domaine public,
  • stabiliser les accotements,
  • assécher les passages marécageux,
  • guider les voyageurs par temps de neige ou d’inondation,
  • donner de l’ombre en été,
  • et embellir les campagnes…

Ces plantations vont se poursuivre jusqu’à la Seconde Guerre mondiale mais avec l’avènement de l’automobile, ce patrimoine arboré est délaissé, pire, il est accusé de tuer. Pourtant, plusieurs études démontrent qu’il n’y a aucune corrélation entre l’Indicateur d’accidentologie locale et la présence de lignes d’arbres. Elles participent même à la signalisation routière en donnant des indications sur la direction générale de la chaussée, ses inflexions, virages, croisements… Des solutions d’aménagements peuvent résoudre des situations accidentogènes ; creuser un fossé entre la chaussée et l’alignement, installer une glissière de sécurité, planter une haie arbustive…Ces dispositifs sont à étudier au cas par cas en fonction du contexte et toujours dans le respect de la qualité paysagère de la route.

Cet article est inspiré de la lecture « Du bon usage des arbres – un plaidoyer à l’attention des élus et des énarques » de Francis Hallé – éd : Domaine du possible – Actes Sud 2011