
Combien de merlons paysagers, de buttes végétalisées, de dépôts sauvages… doit supporter le paysage avant que les constructeurs décident d’utiliser le plus simple et le plus noble des matériaux ; … la terre ?
Alors que la moitié de l’humanité vit dans un habitat en terre crue, que les surfaces arables diminuent considérablement, nous, dans les pays occidentaux, nous décapons cette couche précieuse à grands coups de pelleteuses pour aller l’entreposer plus loin sans savoir quoi en faire. Et à la place que met-on ? Du béton !
Or, ce matériau vivant à de nombreuses vertus pour la construction. Les exemples de bâtiments contemporains en terre commencent à se faire connaître. Mais, contre toute logique, c’est dans les aménagements extérieurs qu’elle est la plus ignorée ! Pourtant ces déblais pourraient servir à de nombreuses réalisations :
- murs de clôture,
- cabanons,
- garages,
- abris,
- murets,
- …
Les raisons de construire en terre sont nombreuses :
- la terre est souvent déjà sur le site des travaux (donc gratuite et ne génère pas de transport),
- la terre se re-employant sur place permet d’éviter son traitement ailleurs ou son impact dans le paysage,
- la terre est recyclable à l’infini,
- la terre se travaille sans ajout de procédé ou produit néfaste,
- la terre est, même en France, un matériau traditionnel,
- la terre permet de restaurer des savoir-faire locaux,
- …
Pour construire, il faut un certain type de terre que l’on retrouve souvent sous l’humus à quelques centimètres de la surface.
La terre est composée, en allant du plus gros au plus fin de :
- cailloux,
- graviers,
- sables,
- limons,
- et argiles.
C’est la réaction de ces composants entre eux, au contact de l’eau, qui va permettre à la terre de se colmater puis, en séchant, de devenir extrêmement résistante.
Différents tests permettent de vérifier le taux de présence en argile. Quelques exemples simples :
- examen visuel : couleur brune = présence de matière organique, présence de graviers et cailloux…
- examen de l’odeur : odeur de moisi = terre organique.
- examen de lavage des mains : se rincent facilement = sable, se rincent assez facilement = limons, se rincent difficilement = argile.
- examen du boudin : rouler un boudin de la taille d’un cigare et l’aplatir : de 25 à 30 cm = très argileuse, de 5 à 10 cm = argileuse, 0 cm = très peu argileuse.
En fonction du taux d’argile identifié, une certaine technique constructive est plus adaptée :
- La bauge : A base de terre fine, mélangée avec 10 à 20 % d’eau et de la paille ou du foin, des mottes de terre sont empilées par « levées » de 50 à 70 cm puis battues. Après avoir tranché le niveau vertical de la levée et attendu 1 à 3 semaines, la « levée » suivante est réalisée.
- Le torchis : A base de terre fine et argileuse, d’eau et de paille, le mélange est appliqué sur des lattis de bois fixés sur des colombes, elles-mêmes fixées à des colombages.
- L’adobe : Avec de la terre fine et sans cailloux peu argileuse et de l’eau, des moules sont remplis. Après quelques jours de séchage, ces briques sont assemblées par un mortier terre.
- Le pisé : Dans un coffrage, la terre légèrement graveleuse est tassée à l’aide d’un pisoir puis décoffrée pour sécher. Cette technique ne nécessite pas d’eau.
- Les Blocs de Terre Comprimés : Technique récente qui consiste à compresser la terre à plus grande échelle en brique sans nécessité de temps de séchage. Cette technique nécessite un équilibre argile-limon-sable et l’absence de cailloux.
La seule contrainte de ces techniques, c’est d’avoir beaucoup d’amis. En effet, la terre demande beaucoup de main d’oeuvre ! Mais est-ce réellement une contrainte ?