Construire en terre

Posted by on 24/09/2014 in Non classé, Techniques

Construire en terre

Combien de merlons paysagers, de buttes végétalisées, de dépôts sauvages… doit supporter le paysage avant que les constructeurs décident d’utiliser le plus simple et le plus noble des matériaux ; … la terre ?

Alors que la moitié de l’humanité vit dans un habitat en terre crue, que les surfaces arables diminuent considérablement, nous, dans les pays occidentaux, nous décapons cette couche précieuse à grands coups de pelleteuses pour aller l’entreposer plus loin sans savoir quoi en faire. Et à la place que met-on ? Du béton !

Or, ce matériau vivant à de nombreuses vertus pour la construction. Les exemples de bâtiments contemporains en terre commencent à se faire connaître. Mais, contre toute logique, c’est dans les aménagements extérieurs qu’elle est la plus ignorée ! Pourtant ces déblais pourraient servir à de nombreuses réalisations :

  • murs de clôture,
  • cabanons,
  • garages,
  • abris,
  • murets,

Les raisons de construire en terre sont nombreuses :

  • la terre est souvent déjà sur le site des travaux (donc gratuite et ne génère pas de transport),
  • la terre se re-employant sur place permet d’éviter son traitement ailleurs ou son impact dans le paysage,
  • la terre est recyclable à l’infini,
  • la terre se travaille sans ajout de procédé ou produit néfaste,
  • la terre est, même en France, un matériau traditionnel,
  • la terre permet de restaurer des savoir-faire locaux,

Pour construire, il faut un certain type de terre que l’on retrouve souvent sous l’humus à quelques centimètres de la surface.

La terre est composée, en allant du plus gros au plus fin de :

  • cailloux,
  • graviers,
  • sables,
  • limons,
  • et argiles.

C’est la réaction de ces composants entre eux, au contact de l’eau, qui va permettre à la terre de se colmater puis, en séchant, de devenir extrêmement résistante.

Différents tests permettent de vérifier le taux de présence en argile. Quelques exemples simples :

  • examen visuel : couleur brune = présence de matière organique, présence de graviers et cailloux…
  • examen de l’odeur : odeur de moisi = terre organique.
  • examen de lavage des mains : se rincent facilement = sable, se rincent assez facilement = limons, se rincent difficilement = argile.
  • examen du boudin : rouler un boudin de la taille d’un cigare et l’aplatir : de 25 à 30 cm = très argileuse, de 5 à 10 cm = argileuse, 0 cm = très peu argileuse.

En fonction du taux d’argile identifié, une certaine technique constructive est plus adaptée :

  • La bauge : A base de terre fine, mélangée avec 10 à 20 % d’eau et de la paille ou du foin, des mottes de terre sont empilées par « levées » de 50 à 70 cm puis battues. Après avoir tranché le niveau vertical de la levée et attendu 1 à 3 semaines, la « levée » suivante est réalisée.
  • Le torchis : A base de terre fine et argileuse, d’eau et de paille, le mélange est appliqué sur des lattis de bois fixés sur des colombes, elles-mêmes fixées à des colombages.
  • L’adobe : Avec de la terre fine et sans cailloux peu argileuse et de l’eau, des moules sont remplis. Après quelques jours de séchage, ces briques sont assemblées par un mortier terre.
  • Le pisé : Dans un coffrage, la terre légèrement graveleuse est tassée à l’aide d’un pisoir puis décoffrée pour sécher. Cette technique ne nécessite pas d’eau.
  • Les Blocs de Terre Comprimés : Technique récente qui consiste à compresser la terre à plus grande échelle en brique sans nécessité de temps de séchage. Cette technique nécessite un équilibre argile-limon-sable et l’absence de cailloux.

La seule contrainte de ces techniques, c’est d’avoir beaucoup d’amis. En effet, la terre demande beaucoup de main d’oeuvre ! Mais est-ce réellement une contrainte ?