Atelier de co-production d’une analyse paysagère sur une exploitation agricole de l’agglomération Orléanaise

Posted by on 2/06/2013 in Participation, Sensibilisation / Participation

Atelier de co-production d’une analyse paysagère sur une exploitation agricole de l’agglomération Orléanaise

Dans le cadre de la semaine Agriculture et Paysage organisée par la Fédération nationale des CAUE, La Fabrique du Lieu, en partenariat avec le CAUE du Loiret, a organisé une journée d’analyse et de co-production paysagère sur le site d’une future exploitation agricole à Saran, dans l’agglomération Orléanaise. L’objectif de la journée était de réfléchir collectivement à des propositions d’aménagement concrètes pour Alexandre Porthault, futur agriculteur et propriétaire d’un terrain en cœur de ville.

 

Les ingrédients de la journée

  • Le projet : Alexandre Porthault est devenu agriculteur à la suite d’une reconversion professionnelle. Après plusieurs années de formation, il souhaite exploiter un terrain situé en coeur de ville à Saran, dans l’agglomération Orléanaise. Le projet agricole d’Alexandre est de faire une ferme en permaculture, qui proposera aux habitants à proximité des produits maraîchers.
  • Le site : Le site est situé en coeur de ville à Saran. C’est un véritable espace naturel, en dénivelé plus ou moins fort selon les endroits du site. On y pénètre par une allée plantée de tilleuls et on découvre une maison bourgeoise appartenant à la famille d’Alexandre. Derrière se trouvent les bâtiments agricoles dans l’ancienne exploitation familiale. Quelques bêtes (moutons, lamas, ânes) pâturent la prairie qui entoure l’exploitation. La future exploitation devra se trouver exclusivement dans la bande située sur la droite de la photo (bâtiments d’habitation et de stockage  et cultures).

En rouge le site du projet

  • Les paysagistes d’un jour (ou plus…. :

– des particuliers et membres d’associations intéressés à l’agriculture « alternative » et au paysage

– deux agriculteurs,

– des professionnels de  l’aménagement : architectes et paysagistes du CAUE, de l’agence d’urbanisme d’Orléans, l’architecte qui conseille Alexandre Prothault pour sa future exploitation, une géographe-urbaniste d’un laboratoire de recherche.

  • Le matériel :

– des tables,

– des chaises,

– du papier A0, A3, A4,

– des crayons de papier et de couleur,

– des pastels,

– une bombe de fixatif,

– du café chaud…

La matinée

Parler de Permaculture

La journée a commencé aux alentours de 10h avec un café et un exercice d’introduction : le 7 + 7 =7 qui a pour objectif de lancer une dynamique de groupe autour de la notion de permaculture. Notion qui sera expliquée en fin d’exercice par Alexandre Porthault..

Chacun écrit 7 mots sur la feuille disposée sur la table puis les confronte avec ses voisins

Découvrir le site

Après cette introduction, Alexandre nous fait visiter l’ensemble du site du projet en évoquant le passé, le présent et l’avenir qu’il imagine, ainsi que l’ensemble des contraintes qui pèsent sur le lieu. C’est aussi à l’occasion de cette visite qu’Alexandre dévoile son projet agricole en permaculture, sujet qui intéresse fortement les participants.

Le groupe écoute les explications d’Alexandre

Ressentir le site

Après ce tour du site, nous distribuons le livret du participant qui donne les consignes des différents travaux de la journée, des documents historiques sur le site et des images de références en aménagement. Il est maintenant temps de démarrer les activités ! Une fois les consignes données, d’abord en binôme puis seul, les participants observent le site en utilisant tous leurs sens, puis  traduisent leur ressenti via l’écriture et le dessin..

 

Alexandre, Pierre et Louisette, très concentrés sur leur dessin

Malgré le froid et le vent, tous les participants se sont prêtés aux jeux. Et après quelques années sans dessiner (depuis le lycée pour certains…), de très belles œuvres  ont été réalisées !

Ensemble des dessins des participants

Si certains sont à l’aise avec le dessin, d’autres préfèrent l’écriture. Il est intéressant de constater que de manière naturelle et sans consigne, les participants choisissent d’utiliser un style plutôt poétique pour décrire le site. Est-ce finalement le lieu qui guide la façon de s’exprimer ? Ici, les participants semblent se sentir bien, et la nature du lieu, urbaine dans son implantation, rurale dans son caractère,  invite à une description poétique.

 

«  Le temps passe – le temps reste. La campagne, les odeurs de

la campagne, des arbres et des chants d’oiseaux. Comme  à la

campagne. Le coq qui chante, les moutons et les ânes qui

gambadent. Un chemin qui est comme le passage secret entre la

ville et l’autre monde… une coulée verte… La frénésie à la paix

des beaux et vieux arbres, chênes et peupliers qui chantent,

fruitiers et lilas odorant. VERT comme vivant. Des boutons d’or

jaune. Un terrain non plat qui ondule. Des grenouilles qui

chantent et le mouton qui bêle. Des maisons modernes qui nous

rappellent les temps modernes et le vieux tracteur qui souligne

que le temps passe mais le travail de terre demeure. La mare.

C’est vraiment ce qui rappelle la campagne avec l’eau qui ondule.

Le bruit du vent dans les arbres. »

« Alors, ferme les yeux

Assieds toi, vois cette belle nature verte, parsemée de

bouton d’or.

Devant toi s’étend une belle mare où naissent des roseaux et, iris d’eau.

Quelques saules secouent leur branche au dessus de l’eau

au rythme du vent incessant.

Les grenouilles viennent offrir leur prouesse.

Au loin un coq chante.

Autour, plus loin la ville et le bruit des voitures.

Ignore les, recentre toi sur ce tableau idyllique au cœur de

la ville.

Ressens les boutons d’or, l’herbe, le vent, la terre. »

« Il y a des volumes bâtis simples

Accrochés les uns aux autres et comme successivement

Extrudés du plus grand au plus petit

De la grange au cabanon, dans la pente

Gris gris bleu parsemés de brique

Saupoudrés de vigne vierge

Quelques grillages de ciment

Mais tout autour des arbres majestueux

Un écrin préservé

Un jardin à venir

Un projet déjà là, en gestation. »

« Sous un ciel gris, l’herbe ondule en violet et en jaune. La

texture est douce, voire tendre. Au loin, une rangée de

peupliers ( ?) et un petit bosquet entoure une mare qu’on

devine. On pourrait se noyer dans ce paysage. »

*

 Textes et dessins de quelques uns des participants

Parler de son ressenti

Après cette heure d’atelier pratique, il est midi. Mais avant de déjeuner, nous prenons le temps d’échanger autour des différents dessins. Cette discussion où chaque participant s’est exprimé permet de faire ressortir des éléments très intéressants. En effet, si tout le monde est d’accord sur la beauté et le potentiel du site, ce n’est pas le cas lorsqu’il s’agit d’évoquer le lien avec le monde extérieur. Si certains participants voient avant tout le côté caché, « écrin de nature », d’autres sont marqués par la forte présence urbaine qui entoure l’exploitation. Ceux-ci insistent sur le besoin de créer des passerelles entre cet environnement naturel exceptionnel et la ville.

 

Le midi

Il est maintenant l’heure de passer à table ! Chacun ayant apporté de quoi déjeuner, nous partageons un excellent moment de convivialité. Le moelleux chocolat-framboise fait l’unanimité pour son goût exceptionnel. Ce genre de moment est nécessaire dans ce type de journée. Il permet de couper entre les différents temps de travail tout en créant une dynamique de groupe.

Le repas : un moment de convivialité !

L’après-midi

Donner un avis sur le site

Après cette matinée axée sur le dessin et sur la connaissance du site, il est temps de passer à la suite des activités : la production. L’objectif ? Faire des propositions concrètes d’aménagement à Alexandre pour sa future exploitation. Après le dessin, place au plan !

La notion de projet invite à réaliser un diagnostic du site, de prendre en compte les souhaits du porteur de projet (en l’occurrence Alexandre) et de faire des propositions d’aménagement.

Ici, le diagnostic se fait en deux temps. D’abord individuellement, les participants analysent le site à partir de plusieurs questions. Où sont les entrées du site ? Où est-ce ensoleillé ? Quels éléments paysagers doivent être valorisés ? Supprimés ?…

Exemple de cartes de diagnostic réalisées individuellement

Chaque participant inscrit sur le plan la façon dont il appréhende le site. Il mêle dans son analyse des éléments factuels avec d’autres qui apparaissent plus de l’ordre du ressenti, du sensible. C’est là que se fait la transition entre la découverte du site, initiée par le dessin durant la matinée, et son analyse, par la mise en cartographie.

Après ce travail individuel, nous scindons le groupe en deux. Chaque groupe est composé de 5 ou 6 personnes et animé par un binôme constitué d’un membre de La Fabrique du Lieu et d’un membre du CAUE. L’objectif de ce travail est de mettre en commun les différentes visions du site. Il ne s’agit pas forcément de rechercher le consensus mais plutôt le débat en donnant à chacun la possibilité de donner son point de vue et surtout d’argumenter dessus. Néanmoins, et assez logiquement, la plupart des participants se retrouvent dans leur appréciation du site. Les animateurs intègrent ainsi sur un plan A3 ce qui ressort des échanges entre les groupes. C’est ensuite à un participant volontaire de restituer le diagnostic à l’autre groupe.

Denis explique au groupe 2 les choix de diagnostic du groupe 1

*

Cartes de diagnostic de chacun des groupes

Dessiner le projet

Une fois ce diagnostic réalisé, il est maintenant temps pour les participants de passer à la phase de projet. L’objectif est le suivant. Au regard de la visite du site et du diagnostic réalisé, il s’agit de faire des propositions concrètes d’aménagement à Alexandre. Pour cela, un programme défini par l’agriculteur est donné à chaque participant. Exemple : 1/ Une serre de 650 m², 2/ Une maison de 120 m² sur deux étages, 3/ Un lieu de stockage et de vente….  Tous ces éléments doivent se retrouver sur le plan. Cette fois-ci, le projet doit se monter de manière collective.

Il est très agréable de constater que tous les participants interviennent et rentrent dans le débat. Après un temps de travail d’une trentaine de minutes, les deux groupes choisissent de nouveau un rapporteur, qui va expliquer à l’autre groupe les choix d’aménagement retenus.

 

Marion explique avec humour les choix retenus par le groupe 2

 

Propositions des groupes 1 et 2

Là-encore, de nombreux points communs apparaissent entre les deux productions. Une discussion s’engage entre tous les participants et nous constatons avec plaisir que la dynamique de groupe l’emporte sur notre encadrement. Les participants n’ont plus besoin de nous pour avancer dans leur réflexion. La complémentarité entre les compétences et les savoirs des participants permet de partager des visions différentes, parfois complémentaires, d’autres fois plus contradictoires. Le débat se déroulant sereinement, notamment dans le respect de la prise de parole, ces différentes visions finissent par donner une production tout à fait intéressante pour Alexandre.

Qu’en pense le porteur de projet ?

Celui-ci conclue donc la journée en donnant son ressenti. D’abord par rapport aux rendus des deux groupes, il confie n’avoir pas imaginé sa future exploitation comme les paysagistes amateurs de la journée mais trouve néanmoins dans leurs propositions des choses tout à fait intéressantes.

 

Impressions sur la journée

De leurs côtés, les paysagistes d’un jour semblent contents de leur journée. Sur le fond, il ont apprécié découvrir de nouvelles connaissances sur la permaculture, l’architecture, l’écologie ou encore le paysage. Sur la forme, beaucoup ont été surpris de ce que peut amener un travail en groupe sur ce type de projet.

Pour notre part, cette expérience a répondu à nos attentes et nous sommes impatients de pouvoir la reproduire pour d’autres projets.

A suivre…