Accueillir la biodiversité dans une exploitation céréalière

Posted by on 8/01/2015 in Agriculture, Non classé

Accueillir la biodiversité dans une exploitation céréalière

Une exploitation agricole céréalière couvre des surfaces de plus en plus importantes entre 100 et 150 hectares dans les régions céréalières pouvant atteindre 1000 ha lorsqu’il s’agit de terres exploitées à façon, c’est-à-dire par des entreprises extérieures. Face aux enjeux de Trame Verte et Bleue, ces surfaces, généralement dénouées de tout élément paysager, représentent un enjeu fondamental pour recomposer des continuités écologiques.

Loin de la volonté de restaurer des bocages, qui, sur certains territoires,  n’ont parfois jamais existé, certains céréaliers ont su mettre en place des dispositifs pour accueillir la faune sauvage tout en respectant les caractéristiques paysagères locales.

Les exemples sont nombreux et souvent aisés à mettre en place. Chaque exploitant peut choisir dans cette liste d’actions celles qui conviennent à leur pratique et à leur site.

Diviser les parcelles

En limitant la taille des parcelles à 15 ha, par exemple, on augmente le nombre d’interface entre deux cultures et on réduit les distances à parcourir pour les insectes à la recherche d’un refuge. Ces interfaces entre deux cultures sont, à minima, composées d’herbe puisque non labourées, éventuellement, d’un fossé, d’un chemin ou d’une haie. Tous ces composantes constituent un refuge pour la faune sauvage.

Diversifier les cultures

La plupart des exploitations céréalières comptent 4 à 6 cultures différentes ; blé, orge, colza, maïs, tournesol… Alors qu’une quantité importante de cultures existe et permet de varier les dates de floraison, de travail du sol, de fructification… Cette diversité impacte directement la biodiversité. Quelques exemples de cultures à introduire : lin, féverole, triticale, luzerne, soja, lentille, pois, betterave sucrière, plantes médicinales et aromatiques… Sans parler des variétés anciennes de semences…

Fixer l’azote

Pour échapper à l’usage de produits chimiques dans le sol, il faut maîtriser son taux d’azote en augmentant, par exemple, la part de légumineuses qui fixe l’azote. Pour un apport supplémentaire en fertilisants, les déchets verts locaux peuvent être employés (broyât de l’entretien de haies, résidus de récolte…).

Réduire les labours

Les labours répétés et de plus en plus profond cassent le système vivant du sol et réduit sa capacité de régénération. Des techniques de non-labours par paillage au BRF ou semis combinés avec des cultures mâtures sont expérimentées de plus en plus largement au travers le monde pour lutter contre la disparition du sol.

Planter des haies

haieWeb

Les haies restent le support le plus aisé à mettre en place par son aspect linéaire et efficace pour la biodiversité. Il faut compter 1500 plants pour 500 ml de haies sur plusieurs rangs et en quinconce. Les essences devront être locales et variées en nombres d’espèces différentes avec quelques arbres haute tige. L’entretien doit permettre de produire du broyât pour couvrir les sols ou du bois énergie.

Planter des arbres isolés

Souvent implantés en limite parcellaire, les arbres isolés permettent aux oiseaux et chauve-souris de se percher. Noyers, chênes, fruitiers… étaient souvent employés par le passé.

Planter des bosquets

Localisés sur des espaces particuliers ; pente, pointe de parcelles, dénivelé… le bosquets jouent le même rôle que les haies. Ils sont plus facilement composés d’arbres que d’arbustes mais leurs lisières doivent être entretenues régulièrement.

Gérer les lisières forestières

Une lisière intéressante pour la biodiversité est composée de trois strates ; arborée, arbustive et herbacée. Or le développement naturel tend à toujours aller vers le stade arboré. Pour maintenir ces trois strates, il faut régulièrement (tous les 5 à 8 ans) prélever des arbres et recéper les arbustes pour repousser la lisière. Il est bon de procéder par poche pour obtenir une alternance dans le linéaire. L’extraction peut servir au bois énergie, au bois d’oeuvre et au broyât.

Créer des bandes enherbées

bandeenherbeeWeb

Profitant des interfaces entre les parcelles, des bandes semées de 55% de graminées (ex : Pâturin des près, Dactyle aggloméré, Ray-grass, Fétuques…) et de 45 % de dicotylédones (ex : Sainfoin, Petite primprenelle, Lotier corniculé, Luzerne lupuline, Fenouil cultivé, Trèfle des près, Trèfle rampant…) peuvent être implantées tous les 300 mètres et faire 6.00 mètres de large minimum. Elles ne doivent pas être circulées, leurs bords doivent être relevés à la charrue tous les ans et la bande doit être fauchée une fois par an (septembre).

Entretenir les chemins

Les chemins enherbés sont propices à la faune sauvage grâce aux ornières parfois en eau et aux flaques de boue. Pour améliorer ce refuge, il faut maintenir des bas-côtés fauchés qu’une fois par an (septembre).

Mettre en place des prairies 

Laisser des surfaces non labourées gérées en prairies fauchées avec une fauche tardive (septembre) et exporter tous le produits de la fauche. Etudier la possibilité de compléter le cortège floristique avec un semis sans labour.

Installer des piquets et nichoirs à rapaces

Les rapaces sont des alliés important dans la lutte contre les ravageurs des cultures. La mise en place de piquets en bois d’environ 1.00 m de haut sur des bandes enherbées offre aux rapaces des points d’observation. L’installation de nichoirs dans les granges favorisent les lieux de nidification des rapaces diurnes et nocturnes.

Creuser des mares

Les points d’eau ont souvent disparu au fil des labours. Or il est déterminant pour la faune sauvage de disposer de lieux pour s’abreuver et d’avoir des habitats propices pour la faune aquatique (grenouille, triton, libellules…). En fonction de la nature du sol, une simple excavation du sol perméabilité ou non avec des pentes douces de quelques mètres carré est bénéfique. Il s’agit d’en assurer l’entretien tous les 5 à 8 ans pour limiter le développement de la végétation et l’envasement (intervention de novembre au printemps sans toucher au end de la mare).

Restaurer les fossés ouverts

Les fossés sont un lieu de circulation et de ressource en eau important pour la faune. Il s’agit de ne pas les buser ou de les restaurer et ne les faucher tardivement (septembre).

Planter des vergers

VergerWeb

Les arbres fruitiers, en plus d’offrir des fruits pour la consommation, sont particulièrement intéressants pour les insectes butineurs et le oiseaux.

Installer des refuges à insectes et des ruchers

Des hôtels à insectes composés d’éléments végétaux creux et des ruches installés à l’abri du vent peuvent favoriser la pollinisation des cultures.

Conserver des arbres vieux et morts

Ces arbres offrent un gîte de grande qualité pour de nombreux espèces d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères.

Préserver la flore sur les murs

La flore sauvage des murs est rare, il faut la laisser se développer tant qu’elle n’atteint pas qualité de l’ouvrage.

Monter des murets en pierre sèche ou des tas de bois

muretWeb

Quelques mètres linéaires  de muret composé de pierres récupérés dans les champs ou des tas de bois empilés avec une face abritée et l’autre exposée au soleil permet aux reptiles de trouver un refuge.

 

Pour vérifier l’efficacité des ces dispositifs, il est intéressant de mener des inventaires de la biodiversité en amont des aménagements et tous les deux ou trois ans après les premières réalisations. La comparaison du nombre d’espèces et d’individus d’oiseaux est, par exemple, un bon indicateur relativement facile à observer.